Retour sur « Voyage au centre de la Terre », une exposition éphémère à découvrir jusqu’au 15 mars!

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Romain Bernini

Emerige et le Fonds de dotation Emerige présentent du 9 au 15 mars l’exposition « Voyage au centre de la Terre » : une expédition à travers l’univers de 8 artistes – Romain Bernini, Jennyfer Grassi, Joana Hadjithomas & Khalil Joreige, Eva Jospin, Bruno Perramant, Lucie Picandet et Pierre Seinturier – qui ont pris possession d’une série d’anciens entrepôts dissimulés derrière le portail du 7 rue de Tolbiac.

Dès le portail, on pénètre dans un autre monde avec un parfum du Paris d’Antan, qui laisse une impression de nostalgie. Les lieux délabrés racontent l’histoire de leurs anciennes fonctions et créent une atmosphère habitée qui change du décor où l’on a l’habitude de voir présentées les œuvres de ces artistes contemporains en vogue.

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Romain Bernini

Choisis par Laurent Dumas (directeur du groupe Emerige) parmi les artistes de sa collection personnelle, les 8 artistes exposés ont investis les lieux depuis 1 an, les convertissant en ateliers et lieux d’expérimentation. Ce principe de « friche artistique » initiée par les Grands Voisins (Paris 14ème) a tout pour plaire: il fournit des lieux de création pour les artistes et préserve les promoteurs immobilier des problèmes de squat de leurs espaces inoccupés.

Voyage au centre de la terre présente donc le fruit du travail de ces artistes autour d’une thématique proposée par Jérôme Sans. La thématique est anecdotique et on a franchement du mal à la voir émerger de salle en salle, en arrivant même à se demander si le besoin de problématiser les expositions à tout prix a réellement du sens (pourquoi ne pas simplement avoir pour ambition d’exposer de l’art?).

Le tout forme néanmoins une exposition chaleureuse où l’on peut voir les artistes travailler au milieu de leurs oeuvres. Très accessibles, il est possible de leur parler et d’interagir avec eux, abrogeant la distance que l’on peut parfois ressentir entre l’œuvre et soi. J’ai donc eu la chance de pouvoir échanger avec Romain Bernini, qui présente des oeuvres déjà aperçues lors de sa dernière exposition à la galerie Suzanne Tarasieve en 2016, mais aussi des nouvelles peintures en grand format où la couleur apparait comme matière vivante, dansant ou luttant avec des corps en suspension.

Exposition à grande majorité picturale (5 artistes sur 7 propositions mettent à l’honneur le médium peinture), on découvre ensuite l’univers de Jennyfer Grassi, qui présente des toiles colorées qui évoquent à fois les grands noms de la peinture comme Cézanne ou Van Gogh par leurs sujets (une sorte de montagne Sainte Victoire, des tournesols, etc), fusionnés avec des momento mori cartoonesques à la manière d’un Murakami et travaillant le motif en aplat à la manière d’un Klimt.

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Jennyfer Grassi

Au sous-sol, Bruno Perramant présente une sorte d’allée centrale de toiles monumentales travaillées en All Over, qui évoquent à la fois des champs de fleurs ou des univers microscopiques peuplées de virus ou de bactéries.

Bruno Perramant

Bruno Perramant

À l’étage, Lucie Picandet qui a reçu cette année le prix Révélation Emerige, présente des expérimentations d’aquarelles, mettant à l’honneur le processus de réalisation (on voit des traces de giclées de peinture partout sur les murs de l’atelier). Pierre Seinturier a lui investit les murs du couloir et la salle voisine avec ses peintures à la fois naïves et figuratives, douées d’une force narrative qui éveille l’intérêt.

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Lucie Picandet

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Pierre Seinturier

L’exposition rassemble donc de très belles propositions picturales mais présente quelques déceptions du côté des propositions en volume. Eva Jospin (vidéo ci-dessous) investit un espace monumental avec ses bas reliefs de forêts de cartons. Sans renouvellement majeur dans la création de l’artiste, la mise en espace de ces oeuvres fonctionne néanmoins très bien et donne une tournure spectaculaire à l’exposition. Le duo Joana Hadjithomas & Khalil Joreige filent quand à lui la thématique présentée pour le prix Marcel Duchamp (avec laquelle ils ont remportés le prix cette année) en présentant des sculptures de carottage de sous-sols effectués lors de fouilles archéologiques, réponse bien littérale à la question des strates culturelles et de l’écoulement du temps… le duo présente les résultats de leurs derniers travaux dans les combles de l’ancien entrepôt

Malgré quelques déceptions face au manque de renouvellement de certaines propositions, l’exposition est très agréable et permet de découvrir des œuvres de qualité dans un contexte exceptionnel et hors du commun. À visiter rapidement car elle se termine le 15 mars!

Voyage au centre de la Terre
À voir jusqu’au jeudi 15 mars, de 12h à 19h.
7 rue Tobliac
Paris 750013

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