Étiquette : exposition

  • Erwin Olaf, le maître de la « photographie de l’imaginaire »

    plan2Galerie Rabouan Moussion
    121, rue Vieille du Temple
    75003 Paris

    D’abord photo-reporter, Erwin Olaf s’essaie avec succès, à la photographie de studio, qu’il appelle « photographie de l’imaginaire » (1), dans les années 80. Il photographie alors des modèles aux physiques « hors norme » (nains, obèses, anorexiques,etc) et compose des images mariant esthétique underground de l’univers SM et références à la peinture classique (série Chessmen 1987).
    1374916624Quittant la photographie noir et blanc, il évolue vers une esthétique plus « directe » (fond blanc, couleurs très vives, retouches numériques visibles). Plus crues, proches de la publicité, ces images  livrent leurs propos sans détours, comme on peut le voir dans les séries Royal blood (2000), et Paradise (2001).
    Au milieu des années 2000, l’œuvre d’Erwin Olaf prend une toute autre direction avec l’apparition de séries aux décors rétro, mettant en scènes des personnages soigneusement castés, dans des attitudes introverties, silencieuses, comme Rain (2004), Hope (2005) ou Grief (2007).1374916578

    La série Berlin, créé à l’occasion du prix Johannes Vermeer, remporté par Erwin Olaf en 2011, s’inscrit dans la lignée des précédentes.
    Mettant en scène des personnages dans le Berlin des années 20, dans des décors et des attitudes ultra maitrisées, chaque photo de la série ressemble à un plan de cinéma.
    Erwin Olaf ne donne pas de signification particulière à ses photos, il ne raconte pas une histoire précise dans chacune d’elles, mais il est le metteur en scène de l’imaginaire du spectateur, qui pourra s’il le désire, construire sa propre histoire.

    Erwin Olaf pose le décor, crée une atmosphère, un climat, qui pèse sur chaque image, et laisse entrevoir le désastre politique, social et humain qui se profile.
    Les enfants dominateurs, tout de cuir vêtus, s’opposent aux clowns tristes et aux adultes usés, rongés par la solitude. On ressent l’opposition entre ces deux générations et l’inquiétante « toute puissance » de la jeune génération à venir.
    Le propos de cette série, plus engagé, se veut le reflet de cette période de l’histoire si particulière où Berlin était LA ville où tout se jouait, mais où l’on pressentait que cette énergie pouvait s’avérer destructrice.

    1374916490Sorti du studio, Erwin Olaf est allé puiser l’énergie du Berlin actuel pour créer cette série.
    « De toute façon, je voulais sortir de mon studio. L’espace était trop limité. Je voulais plus d’espace et d’architecture. Berlin est actuellement le nouveau centre de l’Europe. C’est une ville qui fabrique de l’histoire comme aucune autre. Nous vivons à une époque qui est sous beaucoup d’aspects comparable aux années 20 du siècle précédent, lorsque Berlin était aussi the place to be. Une fois encore, nous dansons sur un volcan, coincés dans une sorte d’entre-deux-guerres. Tout pourrait s’écrouler demain, non, même aujourd’hui à cause de la crise. »
    Erwin Olaf

    Médium Erwin Olaf? L’avenir nous le dira!
    En attendant, n’hésitez pas à aller contempler cette magnifique série, pour admirer la technique toujours aussi parfaite du photographe et frissonner sous les regards intenses de ses personnages.

    Anaïs Montevecchi

    Erwin Olaf, Berlin
    jusqu’au 23 Novembre 2013
    Du mardi au samedi
    de 10h à 19h

     (1) « photography of the imagined » interview tiré du documentaire Van Erp (2009).
    ©Erwin Olaf
    Courtesy Galerie Rabouan Moussion
  • Alicia Paz, une artiste « Bohême chic »!

    plan2Galerie Dukan
    24, rue PastourelleAlicia Paz, String Hair, 2013, Mixed media on paper, 73 x 47 x 2 cm, Courtesy Galerie Dukan_0 copie
    75003 Paris

    Jeune artiste Mexicaine travaillant actuellement à Londres, diplômée de l’Université de Berkeley en Californie, des Beaux-arts de Paris et du Royal College of Art de Londres, Alicia Paz a un parcours aussi haut en couleur que ses tableaux!
    Choisie comme artiste de l’année par le Champagne Nicolas Feuillatte, sur le thème « Bohème chic », Alicia Paz bénéficie de deux expositions consécutives et illumine la rentrée Parisienne.
    On peut actuellement admirer ses œuvres jusqu’au 28 septembre à l’Instituto Cultural de México, puis l’exposition se déplacera à la Galerie Dukan, du 5 octobre au 9 Novembre.
    Ce « coup de projecteur » nous permettra donc de découvrir le travail de cette artiste à l’univers personnel très marqué, qui mêle influences cosmopolites et utopies intimes.
    L’expAlicia Paz, Le Jardin des Hesperides, 2013, Mixed media on paper, 153 x 121.5 x 3.5 cm, Courtesy Galerie Dukan copieosition présente majoritairement des tableaux issus des séries « Princesses » (portraits de femmes), « trees » (paysages avec des arbres tentaculaires en figures centrales) et « artists » (figures féminines hybrides).
    Travaillant la peinture sur toile, bois ou papier, Alicia Paz agrémente ses tableaux d’une multiplicité de matériaux récupérés (Brillants, perles, fleurs, gants, bout de tissu, papiers
    d’origami, vieux journaux, emballages-cadeaux, formes humaines, géométriques, etc.), qui habillent ses personnages et envahissent la toile en créant des formes étonnantes.
    Les figures féminines, très présentes dans son travail, sont souvent recouvertes de ces matières, rendant la silhouette ou le visage de ces icônes (souvent découpées dans des magazines de mode ou des publicités) difficiles à décrypter. Ces figures féminines deviennent des créatures hybrides, mystérieuses (l’artiste masque souvent les figures), presque monstrueuses, peuplant son univers fantasmagorique.
    TAlicia Paz, L’indécise, 2011, Mixed media on paper, 74 x 56 cm, Courtesy Galerie Dukan copierès esthétiques et ultra colorés, les tableaux d’Alicia Paz forment de véritables   «micromondes » dans lequel le spectateur peut fondre son propre imaginaire.
    Des « micromondes » ambigus, qui peuvent se révéler, au delà de l’apparente gaité qui se dégage des tableaux, un brin inquiétants, peuplés de créatures étranges, étouffés par l’exubérante accumulation de matériaux.

    Grâce à cette exposition très fournie, on peut donc découvrir tous les aspects de l’œuvre de cette artiste nomade et se laisser embarquer dans son univers.
    Foisonnantes, fourmillantes et un peu turbulentes, truffées de références à de multiples cultures, les œuvres d’Alicia Paz vitaminent cette rentrée 2013!

    Anaïs Montevecchi

    Exposition Alicia Paz
    du 5 octobre au 9 Novembre 2013
    Du mardi au samedi
    de 13h à 19h

    ©Alicia Paz
    String Hair, 2013,
    Mixed media on paper, 73 x 47 x 2 cm,
    Courtesy Galerie Dukan
    ©Alicia Paz
    Le Jardin des Hesperides, 2013,
    Mixed media on paper, 73 x 47 x 2 cm,
    Courtesy Galerie Dukan
     ©Alicia Paz
    L’indécise, 2011,
    Mixed media on paper, 73 x 47 x 2 cm,
    Courtesy Galerie Dukan
  • Fous de photo!

    plan2Galerie Polka
    12, rue Saint-Gilles
    75003 Paris

    Pour tous les amoureux de la photo qui n’auront pas l’occasion d’aller voir le festival de Arles cet été, la galerie Polka expose trois photographes qui vous plongeront dans des univers très différents.
    Des ruines de Gunkanjima, aux clichés très intimes de Joakim Eskildsen, il y en aura pour tous les goûts!

    D’abord, vous découvrirez la série Gunkanjima, du duo français Yves Marchand et Romain Meffre.
    Déjà remarqués pour YvesMarchand_RomainMeffre_Appartement_batiment-65_2008leur série sur les cinémas et théâtres abandonnés de la ville de Detroit (USA), les français poursuivent leur quête des vestiges de notre civilisation, au Japon, sur l’île de Hashima, également appelée Gunkanjima (Navire de guerre).

    Cette île, aujourd’hui totalement abandonnée a connu la densité de population la plus élevée de la planète!
    Achetée en 1890 par Mitsubishi pour exploiter ses ressources de charbon, l’île se peuple d’employés de la mine. Des infrastructures sont construites pour accueillir les travailleurs et la population augmente rapidement, au point d’accueillir 139 100 hab/km2 en 1959 (par comparaison, Paris comptait 21 289 habitants par km² en 2010).
    L’île est brusquement abandonnée en 1874, à cause de la baisse d’activité minière.

    YvesMarchand_RomainMeffre_Gunkanjima_Cour_interieure_batiments_18_et_19_2008Yves Marchand et Romain Meffre présentent une série de clichés sur cette île tombée en ruine, où persiste encore les traces du passage de ses habitants.
    Vieux téléphone, télévision explosée, bouteille de saké oubliée sur une table, les photographes se focalisent sur les détails qui humanisent ces lieux inhabités et les remplissent de la présence de ses anciens locataires.
    Le spectateur, à la manière d’un archéologue, se prend à imaginer les habitudes et les coutumes des habitants, comme s’il s’agissait d’une civilisation oubliée.
    Au delà de la beauté de ces photos d’architectures parfaitement composées, le duo de photographes nous livre ici une réflexion sur les vestiges de notre société moderne, qui incarnent la psychologie de notre époque.

    JoakimEskildsen_HomeWorks_Dinner_Holte_Denmark_2010Au sous-sol, vous découvrirez la série Home works du photographe Joakim Eskildsen.
    Photo-reporter de talent, Joakim Eskildsen s’est fait connaitre pour ses reportages de voyages, sur la route, à la rencontre de communautés différentes, comme avec sa série « The Roma Journeys » pour laquelle il a reçu le prix Amilcare Ponchielli.

    Avec la série Home works, ce n’est pas à l’autre bout du monde, au contact de populations JoakimEskildsen_HomeWorks_Rainbow_Orup_Denmark_2008différentes que l’artiste a trouvé l’inspiration, mais tout simplement chez lui, en contemplant ses enfants.
    Pleines de tendresses et de douceurs, parfois inquiétantes et irréelles, ces photos, loin de la photo de famille classique qui témoigne d’un moment particulier dans l’évolution sociale ou personnelle d’un enfant, permettent au spectateur de se raconter sa propre histoire.
    Grâce à une lumière ultra maîtrisée, qui évoque le clair-obscur de la peinture classique, les scènes de la vie quotidienne deviennent ici le point de départ d’un conte étrange et poétique, que le spectateur peut s’inventer.

    Anaïs Montevecchi

    Gunkanjima et Home works
    jusqu’au 4 aout 2013
    Du mardi au samedi
    de 11h à 19h30

    ©Yves Marchand et Romain Meffre
    -Gunkajima-
    Appartement, bâtiment 65, 2008
    ©Yves Marchand et Romain Meffre
    -Gunkajima-
    Appartement, Cour intérieure, bâtiment 18 et 19, 2008
    ©Joakim Eskildsen
    -Home works-
    Orup, Denmark, 2008
    Courtesy Polka Galerie
    ©Joakim Eskildsen
    -Home works-
    Dinner, Holte, Denmark, 2010
    Courtesy Polka Galerie
  • Quand la rue entre dans la galerie!

    plan2galerie Rabouan Moussion
    121, rue Vieille du Temple
    75003 Paris

    L’institutionnalisation du Street artist est un thème d’actualité, soulevé avec pertinence par la galerie Rabouan Moussion à travers l’exposition Jane_Doe_22.
    En effet, il n’est pas aisé de Jane_Doe22@RabouanMoussion_01_bassedef_1trouver la place du street art ni des street artists dans les galeries d’art ou les musées… Car dans le terme « street art », il y a « street »!
    La question se pose donc d’elle même: peut-on faire du street art ailleurs que dans la rue?
    Plusieurs essais ont été tentés: graffer sur les murs des galeries, faire des pochoirs sur des parpaings, graffer sur des toiles ou des feuilles à dessin, etc…

    Jane_Doe22@RabouanMoussion_08_bassedef_1Pourtant, on a la sensation que « copier/coller » des œuvres de rue dans les galeries ne fonctionne pas très bien, et que la transposition de l’œuvre dans le cadre institutionnel l’affadit quelques peu…
    En effet le street art, c’est bien sûr l’œuvre graphique laissé par l’artiste, mais c’est aussi tout ce qui précède (repérer les lieux abandonnés, atteindre les murs inaccessibles, faire un « mapping » de la ville, toujours partir à la recherche de nouveau « terrains de jeux » pour les street artists) et tout ce qui suit, (la perception du spectateur qui découvre l’œuvre, dialoguant avec le paysage qui l’entoure, les employés de la ville qui vont essayer de nettoyer le graffiti, etc).

    C’est justement, tout cet « envers du décors » que le collectif Jane_Doe_22 a tenté de dévoiler au spectateur, en l’embarquant dans ses errances nocturnes à la recherche de lieux abandonnés prêt à livrer leurs histoires.
    L’installation du collectif transforme entièrement la galerie et fait littéralement entrer la rue dans ses murs.

    Le spectateur est invité à se transformer en « Jane-Doe » (Jane doe est le nom Américain donné aux Jane_Doe22@RabouanMoussion_41_bassedef_1inconnues, c’est un peu une « Mme X ») et à se glisser anonymement (à l’instar des street artists lors de leur repérages) dans cet univers sombre et déroutant.
    Avec cette exposition, le collectif Jane_Doe_22 fait une proposition différente afin de  trouver un statut et une valeur marchande au street art.
    Loin d’être LA solution à apporter à cette problématique, c’est une proposition intéressante qui fonctionne très bien et remplit sa mission en entraînant le spectateur dans un univers parallèle!

     

    Anaïs Montevecchi

    Jane_Doe_22
    jusqu’au 1er juin 2013
    Du mardi au samedi
    de 10h à 19h

    Vues de l’exposition Jane_doe_22, 2013
    ©Jane_Doe_22
    ©Courtesy Galerie Rabouan Moussion
  • Tourbillon de formes!

    plan2galerie Thaddaeus Ropac
    17, rue Debelleyme
    75003 Paris

    Cragg_Paris_2013_3 La galerie Thaddaeus Ropac nous invite à découvrir les nouvelles œuvres du sculpteur Britannique Tony Cragg … et ça vaut le détours!
    Ces toutes nouvelles oeuvres (qui datent de 2012 et 2013), témoignent de l’évolution constante du travail de l’artiste.
    En effet, Tony Cragg n’en est pas à son coup d’essai car il travaille la sculpture depuis les années 70 et ses œuvres sont exposées dans les musées internationaux les plus prestigieux!
    Il a exposé à de nombreuses reprises en France, notamment au Louvre et à la BNF.
    D’abord chercheur en biochimie dans un laboratoire de recherche sur le caoutchouc naturel, il va se passionner pour les formes des objets qui nous entourent.
    Il collecte alorshomothetic-3 des détritus, des objets industriels usagés, des bouts de cartons, de bois, de plastiques, etc…  qu’il empile et assemble en sculptures « recyclées ».
    À travers ces sculptures faites de déchets, Cragg propose alors un reflet de la société dans laquelle il vit (Dis-moi ce que tu jettes je te dirai qui tu es!), et fractionne les formes pour les réinventer.
    Dans les années 80, Tony Cragg utilise principalement des détritus en matières plastiques et investit les murs des galeries avec des sculptures/installations murales très colorées, puis revient à une production plus « traditionnelle », utilisant des matières telles que le bronze, le bois, la pierre… et toujours le plastique, bien sûr!
    Tony Cragg entre alors dans une recherche beaucoup plus formelle que ses précédents travaux: il recherche de nouvelles formes, à créer de nouveaux objets.
    Les années 2000 voient le travail de Tony Cragg prendre une autre direction, en évoluant vers la création de formes anthropomorphes (à forme humaine).
    Ces sculptures, construites sur le modèle du procédé géologique naturel de la stratification, font apparaître sur leurs tranches des profils et des corps humains.
    La sculpture se regarde donc en tournant autour et s’appréhende de tous les côtés avec une égale importance.Cragg_Paris_2013_8
    En effet, la découpe de la sculpture évolue à mesure que l’on change son angle de vue, il n’y a donc pas d’avant ou d’arrière, pas de droite ou de gauche, pas de partie plus importante que l’autre.
    Les œuvres de Cragg cultivent une certaine ambiguïté car elles évoquent des personnages sans être vraiment figuratives, et une forme qui parait figurative à un point de vue donné, s’évanouira si on la regarde d’un autre angle.
    Ces sculptures sont d’une richesse formelle inépuisable et il est très intéressant de jouer avec, de rechercher les formes humaines en plein et en creux, de s’approcher pour isoler une forme qui se dessine sur une partie de la sculpture, etc..
    Cette exposition nous fait découvrir des oeuvres qui sont dans la continuité des œuvres « stratifiées », mais ici, Tony Cragg va un peu plus loin dans l’appréhension abstraite du corps humain.
    Les formes sont plus arrondies, presque organiques et le jeu des matières (bois, marbre blanc et veiné noir, plastique coloré, bronze, etc) prend une véritable place dans ces œuvres récentes.
    Dans la petite pièce homothetic-2avant la grande salle, par exemple, deux sculptures sont exposées face à face: l’une en marbre blanc de Carrare, arrondie, sensuelle, presque voluptueuse, l’autre en aluminium, froide, dangereuse, agressive.
    Les matières ici, parlent presque autant que les formes et donnent au spectateur une irrépressible envie de caresser ces sculptures si attirantes.

    Troublantes, tourbillonnantes, ou fuyantes, les sculptures de Tony Cragg nous font tourner la tête et ne laisseront personne indifférent.

    Anaïs Montevecchi

    Tony Cragg, Accurate Figure
    jusqu’au 15 juin 2013
    Du mardi au samedi
    de 10h à 19h

    Tony Cragg,
    Accurate figure
    ©Tony Cragg
    ©Courtesy Galerie Thaddaeus Ropas
    Tony Cragg,
    Pool, 2012
    ©Tony Cragg
    ©Courtesy Galerie Thaddaeus Ropas
    Tony Cragg,
    Accurate figure
    ©Tony Cragg
    ©Courtesy Galerie Thaddaeus Ropas
    Tony Cragg,
    Spark, 2012
    ©Tony Cragg
    ©Courtesy Galerie Thaddaeus Ropas