Retour sur la MANIFESTA 11

QU’EST CE QUE LA MANIFESTA?
La MANIFESTA est une Biennale d’art contemporain itinérante. Tous les deux ans, une grand ville Européenne accueille la Manifestation. Après Rotterdam, St Pétersbourg ou Murcia, cette année la MANIFESTA 11 a lieu à ZURICH (Suisse) jusqu’au 18 septembre 2016.

LA THÉMATIQUE
575741ef2b546
Cette édition a été placée sous la présidence artistique de l’artiste allemand CHRISTIAN JANKOWSKI . La Manifesta est intitulée « WHAT PEOPLE DO FOR MONEY: SOME JOINT VENTURE » (Ce que les gens font pour de l’argent: quelques joint-ventures – Traduction du guide officiel).
Les ambitions de cette édition sont de mettre en lumière « les relations entre travail et emploi » dans nos sociétés modernes.
Christian Jankowski a invité des artistes internationaux à travailler avec des hôtes Zurichois choisis par les artistes pour leur profession (sur une liste de mille professions exercées à Zurich). Cette collaboration a conduit à la production de trente nouvelles pièces, exposées à la fois dans les lieux officiels de la MANIFESTA et sur les lieux de travail des « hôtes ».

LES LIEUX
La MANIFESTA 11 s’expose en plusieurs lieux principaux:

  • LE HELMHAUS & LÖWENBRÄUKUNST.

le HELMHAUS est un joli bâtiment ancien au centre de la ville de Zurich. L’ex-complexe industriel du LÖWENBRÄUKUNST abrite le Migros Muséeum, La fondation Luma, mais aussi de grandes galeries internationales telles que Francesca Pia ou Hauser & Wirth; c’est le coeur de l’art contemporain Zurichois.

Ces deux lieux aux ambiances très différentes abritent l’exposition principale de la MANIFESTA intitulée THE HISTORICAL EXHIBITION: SITES UNDER CONSTRUCTION.
Malgré une scénographie très réussie et audacieuse (avec une présentation d’oeuvres sur des structures évoquant des échafaudages) et une communication cohérente par rapport à la thématique (série de pictos qui rappellent le monde de l’entreprise et du travail), l’exposition manque d’implication et de propos politique.
La thématique est alléchante, en plein débat sur la loi travail en France et plus largement dans une époque post-industrielle où les travailleurs sont entrainés dans un rythme effréné, dicté par une nouvelle économie mondialisée. Notre rapport au métier, à l’effort, à l’expertise, la définition des professions, de notre identité, de notre temps de travail, tout évolue à une vitesse fulgurante!
J’avais donc beaucoup d’attentes et j’espérais une prise de position radicale de la part du curateur et des artistes. Malheureusement,  la réponse de MANIFESTA 11 est bien sage… voir ennuyeuse! La plupart des « sous thèmes »,  tournent autour de la notion du métier d’artiste et ne mettent pas en valeur l’évolution sociale et identitaire engagée dans les sociétés actuelles.
En témoignent les titres de salles autour desquels sont rassemblés les œuvres des artistes: « portraits de professions », « la pause »,  « les artistes qui embrassent d’autres professions », « professions du monde de l’art », « autoportraits et autopromotions », etc.

  • LE CABARET VOLTAIRE


Célèbre lieu de naissance du mouvement DADA, c’est au Cabaret Voltaire qu’ont lieu en 1916 les premières performances du mouvement. Pour la Manifesta, le lieu accueille des performances proposées par qui veut participer, sur la base d’un dialogue entre artistes et acteurs.
Dans les faits, la visite du lieu est très décevante: En effet, la majorité du temps il ne se passe rien au cabaret Voltaire, qui est un café toujours en activité et une boutique de souvenir dédié à la MANIFESTA. La pièce où ont lieu les performances n’est pas accessible et quand on arrive à y pénétrer, on découvre une toute petite salle basse de plafond dont les murs ont été recouverts par une sorte de papier-miroir un peu « cheap ».  Au sous sol, on trouve quand même un mur sur lequel sont exposés les « projets » de performances rédigés à côté d’une photo de la réalisation de la performance, tout cela au milieu des racks de T-shirts au logo officiel de la Manifesta (en vente  la boutique, bien entendu!).

  • LE PAVILLON OF REFLECTIONS

DSCN9794

The Pavillon of Reflections est une structure flottante fraichement construite qui comprend un cinéma, un café et une piscine. Toute la journée, sont diffusés une série de documentaires réalisés par des élèves de l’école d’art de Zurich, mettant en scène des « Art détectives » (des étudiants d’écoles secondaire locales), qui suivent les artistes de la Biennale, de leur arrivée à Zurich à leurs rencontres avec les Zurichois choisi, jusqu’à la réalisation et la présentation de leur oeuvre.
The Pavillon of Reflections est sans doute la partie la plus réussie de la Biennale. La structure est très belle et chaleureuse et les documentaires sont enrichissants. Cette structure entièrement destinée à la médiation offre un vrai moment de pause aux spectateurs et une vision concrète sur l’envers du décors de la Biennale.

L’OEUVRE MARQUANTE DE MANIFESTA 11

DSCN9773
L’oeuvre la plus marquante de cette onzième édition de MANIFESTA est sans aucun doute l’oeuvre de MIKE BOUCHET intitulée The Public Laod (la charge publique).
Cette pièce expose 80 000 kilos d’excréments humains, ce qui représente la production journalière de la ville de Zurich, le 24 mars 2016. L’artiste voit cela comme une pièce collaborative, car quiconque aura été aux toilettes à cette date à Zurich aura contribué à son élaboration. Pièce marquante donc autant par le matériau qui la constitue que par l’odeur qui s’en dégage (pas particulièrement agréable, il faut l’avouer!).

  • EN BREF

LES PLUS: Une vraie attention a  été apportée à la médiation et à l’échange. Faire se rencontrer des travailleurs Zurichois et des artistes pour la création de nouvelles oeuvres a clairement été une manière d’intégrer l’art à la ville et à la vie concrète.
La plateforme du pavillon of Reflections est pensée dans ce sens. Elle est une vraie porte d’entrée dans les coulisses de la production des oeuvres et a permi de mettre en place des collaborations fructueuses entre étudiants, artistes internationaux et travailleurs Zurichois « lambda », tout en étant un très bon outil de médiation.

LES MOINS: La MANIFESTA 11 n’est pas très fournie. En effet, il n’y a que deux réels espaces d’expositions qui sont assez vite visités (3 heures suffisent).
La thématique de la manifestation n’est pas assez poussée et offre une lecture assez littérale et lisse de la problématique du travail.
Pas de burn out à l’horizon donc pour cette MANIFESTA qui permet quand même de se balader dans une ville charmante et permet de découvrir via les oeuvres et leurs « making off », ceux qui la peuple et la font vivre, ses travailleurs!

SÉLECTION D’OEUVRES

Ce diaporama nécessite JavaScript.

Ce contenu a été publié dans Expositions, avec comme mot(s)-clé(s) , , , , . Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *